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trouve, à quelque temps de là, le soldat réfractaire de l’armée de Mayence traduisant tranquillement l’oraison pro Ligario dans une docte retraite près d’Alby, pendant que ses compagnons d’armes continuaient à se battre. La république, il faut le dire, telle que la Convention la comprenait, souriait peu aux idées de Courier ; les exécutions politiques lui étaient odieuses, la langue révolutionnaire choquait la délicatesse de son goût, et l’austérité spartiate, législativement décrétée, allait peu à ses mœurs faciles. Aussi se jeta-t-il très-vivement dans la réaction directoriale contre le puritanisme conventionnel ; si vivement, qu’un jour vint où il dut quitter au plus vite Toulouse pour échapper, comme son père, au ressentiment d’une famille outragée. C’est ainsi que Paul-Louis préludait à cette magistrature morale qu’il devait se décerner à lui-même dans les premières années de la restauration.

Pendant le Directoire et le Consulat, il est aux armées d’Italie, faisant la guerre plutôt en lettré, en antiquaire et en artiste qu’en soldat, toujours à la recherche des manuscrits, pleurant comme un compatriote de Praxitèle sur les bas-reliefs écornés, et envoyant à ses amis, au lieu de bulletins militaires, l’oraison funèbre des statues mutilées. « Les bas-reliefs dont la colonne Trajane est ornée, écrit-il, sont hors de la portée du sabre et pourront par conséquent être conservés. Il n’en est pas de même des sculptures de la villa Borghèse et de la villa Pamphili, qui présentent de