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puis le pamphlet révolutionnaire jusqu’à la dissertation constitutionnelle, tout trouvait place dans cette espèce de Babel de l’opposition. Comme le démon dont il est parlé dans l’Évangile, la Minerve aurait pu dire : Je m’appelle Légion.

Un peu plus tard, un journal à la fondation et à la rédaction duquel contribuèrent, dans une large proportion, les débris de cette littérature sceptique qui, sous les auspices de M. Fouché, avait combattu les doctrines et les écrivains du Journal des Débats pendant l’empire, le Constitutionnel, devint l’expression la plus prudente et la plus vulgaire de cet esprit profondément malveillant. Le dix-huitième siècle régnait tout entier dans ses colonnes. En littérature, il continuait ses doctrines tendant à faire prévaloir l’élément païen des littératures antiques au préjudice de l’élément chrétien et de l’élément indigène ; en religion, il opposait à la foi un rationalisme absolu dénigrant et querelleur, et évoquait sans cesse devant ses lecteurs effrayés le fantôme des jésuites, tels que Béranger les avait peints dans ses chansons érigées par le Constitutionnel en histoire ; en politique, il s’engageait avec un esprit de défiance et de dénigrement contre le principe d’autorité. La charte, par le parti qu’il en tirait dans sa polémique, paraissait être, à ses yeux, non pas une transaction définitive entre le passé et le présent, mais une de ces places de sûreté qui, pour les protestants, devenaient aussi bien le point de départ d’une offensive nouvelle prise contre le catholicisme,