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des commandements subalternes, en Portugal et en Espagne, il n’en avait pas moins couru combattre à Waterloo pour défendre, non le second empire, pour le retour duquel il n’avait pas conspiré, mais le territoire menacé. Tel était le général Foy, un peu trop séduit par le mirage des vertus antiques, initié par ses études aux modèles d’éloquence de Rome et d’Athènes ; esprit exalté, orateur excessif qui s’enivrait des applaudissements et qui, en ignorant ou en oubliant les desseins extralégaux d’une opposition plus violente que la sienne, les servait ; du reste, faisant profession de vouloir la charte, toute la charte, et de ne vouloir rien que la charte, et comprenant la royauté parmi les institutions que la charte consacrait. C’était un ami ardent des libertés nouvelles, emporté quelquefois au delà des bornes par l’esprit d’opposition, dont le regard n’était pas étendu et manquait souvent de justesse, un politique parfois romanesque qui sacrifiait trop à l’effet oratoire ; mais ce n’était pas un ennemi systématique de l’autorité. Dans son éloquence travaillée, on trouvait un sentiment assez élevé de la forme littéraire. La sûreté de sa mémoire lui permettait d’apprendre ses discours ; mais il retrouvait, en les récitant, l’accent de la passion qui les avait inspirés. Le général Foy eût été le ministre possible de la gauche sous la restauration, si la gauche avait préféré à la passion stérile de renverser l’ambition légitime de gouverner ; il était son orateur, et peut-être que l’exercice du pouvoir eût corrigé le tour un peu chimérique de son esprit.