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juste couronné. Il faut donc établir une distinction entre les individus frappés par l’article 11 de ! a loi de 1816 et les votants de la mort de Louis XVI. Quant aux premiers, confiance entière dans la clémence du roi ; quant aux régicides, jamais ! »

Le général Foy, que les élections de 1819 envoyèrent à la chambre, n’avait ni la spontanéité ni l’inspiration de M. Lainé et de M. Serre. Il n’était pas né, il était devenu orateur. Originaire de Ham[1], issu d’une famille de la bourgeoisie, élevé à l’école d’artillerie de la Fère pour la carrière des armes, il avait servi avec distinction sous Dumouriez, Dampierre, Pichegru, dans les premières guerres de la révolution. Le général Foy avait combattu en vaillant soldat, en patriote sincère, mais jamais il n’avait été révolutionnaire. Il avait salué avec joie les idées généreuses de 1789 et déploré les crimes de la révolution, déploré si haut, que le proconsul Lebon le fit arrêter et voulut l’envoyer à l’échafaud. Tiré de prison par Moreau, combattant sous ses ordres et sous ceux de Desaix en Allemagne, blessé aux côtés du dernier, il était demeuré fidèle aux idées de liberté devant la fortune de Bonaparte, comme aux idées de justice et d’humanité devant les menaces de la révolution, et avait refusé de signer les adresses colportées dans l’armée pour demander l’établissement de l’empire. Condamné dès lors pour défaut de zèle, à

  1. Le général Foy était né à Ham, en Picardie, dans l’année 1775. Il avait donc en 1819, quand il entra à la chambre, 44 ans. Il mourut en 1825.