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ments d’une Histoire de la révolution de David Hume, dans lesquels il cherche un récit prophétique de la fin qu’il assigne à la révolution française. C’est la partie politique, celle qui offre aujourd’hui le moins d’intérêt. La partie historique et philosophique a conservé un tout autre attrait.

Dans cette partie, la révolution est appréciée avec une véhémente impartialité. La passion est dans l’expression, mais elle ne trouble ni la clairvoyance du regard ni la droiture du jugement. Le comte de Maistre, effort difficile après tant de crimes d’un côté, tant de souffrances de l’autre, ne calomnie point la révolution jusqu’à ne voir que ses crimes, et ne ferme point les yeux aux fautes des hommes en qui se personnifient les institutions renversées, jusqu’à ne voir que leurs souffrances. L’horreur ni la pitié ne font pencher les balances de ce juge inébranlable. Cette fermeté de cœur et d’intelligence lui permet d’émettre sur les causes, la nature, la portée de la révolution française, des appréciations dont la justesse et la justice n’ont pas été surpassées, peut-être égalées depuis. Cette sévérité de raison et cette équité imperturbable envers les amis comme envers les adversaires remplissent d’étonnement, lorsqu’on songe que les Considérations sur la France ont été écrites dans la chaleur du combat, alors que les contemporains étaient plus occupés de porter des coups que de rendre des arrêts.

Ainsi l’auteur des Considérations ne se trompe point sur la véritable cause de la révolution française : c’est