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lées en axiomes dans un style d’oracle, tombaient du haut de la tribune dans la presse ; M. Guizot, avec son style sobre, pénétrant, lucide, sévère, jouèrent les premiers rôles dans cette redoutable polémique qui s’agitait dans le monde légal. Le Conservateur, qui fut moins un journal qu’un terrain commun où toutes les nuances de l’école catholique et monarchique venaient, chacune à son heure, avec les allures qui lui étaient propres, attaquer le gouvernement, centralisa, du 5 octobre 1818 jusqu’en 1820, les efforts de cette école. Jusqu’au moment où le Globe devint un journal politique, l’école du rationalisme monarchique exposa surtout ses doctrines dans des brochures, dont quelques-unes, écrites par M. Guizot, eurent l’importance de livres, comme celles du Gouvernement de la France depuis la restauration (1820), des Conspirations et de la justice publique (1820), des Moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France (1821), de la Peine de mort en matière politique (1822). Le fond de la doctrine de tous ces livres, c’est l’assimilation complète de la constitution française à la constitution anglaise, avec le pouvoir prépondérant de l’aristocratie britannique transféré à l’élite de la classe bourgeoise.

M. de Chateaubriand, quand sa politique fut séparée de celle de M. de Villèle, établit ses plus formidables batteries dans un journal à qui sa vieille renommée, le talent de ses rédacteurs, son long dévouement à la cause monarchique, donnaient une grande autorité :