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salon des ministres comme dans le cabinet de mes amis. Le roi a répondu mieux et plus positivement qu’il n’avait jamais fait. Nous avons une chambre excellente, meilleure peut-être qu’en 1818, décidée à tout pour conserver l’union entre les bons, malgré quelques dissidences d’opinion. Nos adversaires sont peu nombreux, mais décidés à suppléer au nombre par l’audace et l’opiniâtreté. Tout assure la victoire au bon parti, mais une victoire achetée par tous les dégoûts et tous les orages que les méchants sont capables d’exciter. Ce qui me confond, ce qui me plonge dans la stupeur, c’est que des gens d’esprit appellent cela un gouvernement ! Depuis longtemps on ne gouverne plus la France, on la dispute. Nous avons donc remporté une pleine victoire à la bataille des élections, victoire due uniquement au zèle et au bon esprit des royalistes, aidés jusqu’à un certain point par le gouvernement, qui a peut-être mieux réussi qu’il ne croyait, et trouve peut-être la dose trop forte. Une autre victoire a été l’introduction de Villèle et de Corbière dans le ministère. Je suis arrivé tard et n’ai point assisté aux négociations ou aux intrigues qui ont amené ce résultat. Chateaubriand, rentré en faveur, y a beaucoup travaillé ; c’est le grand champion du système constitutionnel. Il va le prêcher en Prusse, et n’y dira pas de bien de moi, qu’il regarde comme un homme suranné, qui rêve des choses de l’autre siècle. J’aurais bien des choses à vous dire là-dessus. Cette raison, autant que toute autre, a fait cesser, malgré moi, le