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caux, est cependant une liberté chère à tous ceux qui honorent l’intelligence et, en outre, elle est comme la garantie des autres libertés politiques, par le jour de la publicité qu’elle jette sur les affaires et la voix qu’elle prête aux droits ou aux intérêts méconnus ; mais elle a toujours eu besoin, en France, d’être fortement réglée. Jamais ce besoin ne se fit plus vivement sentir qu’à l’époque de la restauration ; les plumes mises aux mains de tant de partis rivaux, passionnés, haineux et souvent hypocritement factieux, étaient en effet en quelque sorte des armes de guerre civile. Les écrivains de l’école monarchique et catholique, par la nécessité où ils étaient d’employer la presse comme une arme de guerre, dans cette situation d’opposition où ils se trouvaient contre la politique du gouvernement royal, prirent soit des engagements formels, soit des engagements indirects avec l’opinion, au sujet de la liberté de la presse la plus étendue. Ces engagements devaient devenir un embarras considérable pour eux quand ils auraient à gouverner. Il y a, en effet, dans l’esprit humain, un sentiment d’équité qui a produit la loi du talion chez tant de peuples, et qui ne permet point qu’on puisse refuser aux autres les facultés qu’on a revendiquées pour soi-même. En usant de la presse sous l’empire du principe monarchique, avec cette liberté et cette vivacité contre le gouvernement, dans le Conservateur et dans les ouvrages particuliers qu’ils publièrent à cette époque, les écrivains de l’école catholique et monarchique donnaient la me-