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par ces deux célèbres écrivains dans leurs livres. Dès le 8 octobre 1814, M. de Bonald écrivait à M. de Maistre : « Depuis le 1er juillet, il se passe ici bien des choses qui ne vous feront pas changer d’avis, pas plus qu’à moi, sur la folie des constitutions écrites : nous y sommes tout à fait. À qui le devons-nous ? Est-ce à des volontés armées ou à de secrètes insinuations ? À l’un et à l’autre, sans doute. Mais jamais la philosophie irréligieuse et impolitique n’a remporté un triomphe plus complet ! C’est sous l’égide des noms les plus respectables, et à la faveur des circonstances les plus miraculeuses, qu’elle a introduit en France, qu’elle y a établi ce que l’homme de l’île d’Elbe lui-même aurait toujours repoussé, et dont il avait même déjà culbuté les premiers essais. Si l’Europe est destinée à périr, elle périra par là, et le prodige de la restauration dont elle abuse sera cette dernière grâce, que le pécheur méconnaît, et après laquelle il tombe dans un irrémédiable endurcissement. Religion, royauté, noblesse, tout est dépouillé, tout est réduit à vivre de salaires et de pensions, tout est en viager et à fonds perdus… Le presbytérianisme de la religion suivra le popularisme de la constitution politique, à moins que la religion, plus forte, ne ramène le gouvernement à la monarchie. J’avais écrit quelque chose sur ce sujet, à l’instant que le sénat fit paraître son projet ; j’y annonçais, pour la révolution française, une issue semblable à celle de la révolution d’Angleterre en 1688, si l’on s’obstinait à vouloir nous constituer. Des considérations puissantes,