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plusieurs conséquences très-graves qu’il faut indiquer.

D’abord une scission s’opéra dans l’école catholique et monarchique. La prolongation des bons rapports qui existaient entre les personnes put jeter, pendant un temps, un voile sur la rupture qui avait éclaté entre les idées ; mais il est impossible de lire avec attention les écrits de MM. de Chateaubriand, de Bonald, de Maistre et de La Mennais, sans être frappé des différences profondes qui les séparent. Chateaubriand, quand il écrit Le Roi, la charte et les honnêtes gens, et mieux encore la Monarchie selon la charte et la préface du Conservateur, accepte la forme comme le fond du gouvernement de la restauration. Ses paroles sont positives : non-seulement il s’engage, mais il engage ses amis. « Je dois déclarer, dit-il, que ni moi ni mes amis ne prendrons aucun intérêt à un ouvrage qui ne serait pas parfaitement constitutionnel. Nous voulons la charte : nous pensons que la force des royalistes est dans la franche adoption de la monarchie représentative[1]. » Les trois autres chefs de la même école veulent le fond, subissent la forme ; mais, chez eux, la protestation est éternelle.

Dans la correspondance, alors inédite, maintenant publiée, de M. de Bonald et de M. de Maistre, on voit éclater cette protestation, plutôt indiquée qu’exprimée

  1. Lettre de M. de Chateaubriand à M. Le Normant, à l’occasion de la fondation du Conservateur. (Tome Ier, page 5.)