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à promulguer la charte. Qu’il eût été possible de donner une autre forme, une forme plus française aux garanties que réclamaient avec raison l’esprit moderne et les intérêts généraux, et d’organiser moins à l’anglaise les institutions représentatives, c’est ce que des esprits éminents ont pensé. Mais, quoi qu’il en fût, le sort en était jeté, la charte était octroyée. Or, l’idéal développé par MM. de Bonald, de Maistre et la plupart des écrivains de leur école, était contraire aux principes contenus dans la charte. Les divers écrits que M. de Bonald publia pendant la restauration ne furent que le développement de la thèse dont nous avons esquissé les traits principaux en analysant son grand ouvrage de la Législation primitive. Cet esprit élevé et inflexible s’était enfermé dans un certain nombre de formules qui ne varièrent point, comme dans un fort du haut duquel il regardait passer, avec un ineffable dédain, les innombrables variations des hommes de son temps. Semblable à un laboureur qui fertilise le terrain qu’il a choisi et borné, il se développa dans ces formules, mais il n’en sortit point. Comparez la Législation primitive, qui fut son point de départ, à la Démonstration philosophique, qu’il publia en 1830 et qu’il dédia aux rois, comme les derniers avertissements d’une voix rarement écoutée, quoique souvent prophétique ; suivez la pensée du même écrivain dans ses ouvrages intermédiaires, vous rencontrerez partout ces trois personnes sociales : le souverain, le ministère, le sujet. Dans la famille, dans l’État, ce sont des applications analo-