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dans l’expression, de la finesse et une politesse d’esprit qui se révélait dans le tour donné à la pensée et dans le choix des mots. Les journaux de l’école intermédiaire avaient quelque chose de dogmatique, de grave et de méditatif ; leur style aspirait à la profondeur ; leur phrase avait quelquefois les allures dédaigneuses de la supériorité ; l’esprit de critique et d’analyse s’y faisait surtout sentir. Le National fut écrit d’un style véhément, incisif, passionné ; la raillerie et l’invective furent les formes les plus ordinaires de la langue politique de ce journal.


II.

Écrivains polémiques des deux écoles monarchiques. — Chateaubriand.


Pour bien comprendre le rôle que jouèrent, dans la littérature politique, les trois grandes écoles d’idées qui devaient lutter aussi les unes contre les autres sur ce terrain, il est nécessaire de se rendre un compte exact de la situation où les plaçait le nouvel ordre de choses qui venait de s’établir en France. L’école catholique et monarchique rencontrait devant elle, soit dans les idées, soit dans les faits, qui subissent toujours le contre-coup des idées, un concours de circonstances peu favorable. Cette lassitude d’obéissance qu’éprouvait l’esprit humain en France, à la fin de l’empire, ce besoin de secouer tous les jougs, de s’élancer librement dans toutes les routes, avaient déterminé le roi Louis XVIII