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pendant cette période de quinze ans ? Quelques-uns des plus brillants écrivains de l’époque durent surtout leur renommée à la part qu’ils prirent à cette polémique ardente, universelle, et l’on ne comprendrait point leur style si l’on ne connaissait point leurs idées, qui ont servi de moule à leur style. Ajoutez à cela qu’on n’était pas dans ces temps ordinaires où il n’y a que des écrivains de profession. La parole et la plume régnaient sur la France ; chacun étendit la main sur ce sceptre intellectuel. On ne citerait pas un homme considérable qui n’ait été plus ou moins journaliste. Chateaubriand, Bonald, LaMennais, Frayssinous, le cardinal de la Luzerne, le duc de Fitz-James, le duc de Lévis, M. de Villèle, M. de Corbière, M. de Castelbajac, M. de Kergolay, M. de Frenilly, MM. de Conny, de Larochefoucauld, O’Mahony, Agier, de Bouville, d’Herbouville, se servirent de la presse pour défendre ou propager leurs idées, comme MM. Royer-Collard, Guizot, le duc de Broglie, de Barante, Villemain, Cousin, Kératry et toute une jeune école qui, marchant derrière eux, devait arriver aux affaires dans la phase suivante : MM. Duchâtel, Vitet, de Rémusat, Duverger de Hauranne, Jouffroy, Dubois, Cavé ; et dans une nuance d’opinion plus tranchée, Casimir Périer, Laffitte, le général Foy, Benjamin Constant, Laborde, le marquis de Chauvelin, MM. Dunoyer, Thiers, Mignet, Carrel. Le roi Louis XVIII lui-même ne dédaignait point de développer sa pensée royale dans des articles clandestinement envoyés aux journaux. On n’aurait donc qu’une