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nesse, et inspirés par cette philosophie du monde qui cache une réflexion sensée derrière un mot heureux et glisse une leçon entre deux sourires : dans ces compositions pleines d’un sel attique, l’honnête homme et l’homme de cœur se révèlent toujours par quelques mots échappés à l’homme d’esprit. Baour-Lormian, Parseval-Grandmaison, Campenon, déjà connus avant la restauration, continuent à écrire. Ducis a vécu assez pour voir la restauration s’accomplir ; après avoir retrouvé dans le roi Louis XVIII les anciennes bontés de Monsieur, il meurt en 1816. La poésie fleurit ainsi, sous la restauration, dans plusieurs écoles, et chaque école a ses poëtes. La religion, la monarchie, la liberté, la révolution, la philosophie sont les muses le plus souvent écoutées par ces voix mélodieuses qui chantent dans le ton des idées et des sentiments qui vibrent à leurs accents. Mais la tendance la plus générale de la poésie de cette époque, c’est, déjà vers les premières années de la restauration, de quitter le convenu, le fictif, la routine, pour quelque chose de plus naturel, de plus vrai, de plus spontané, de rapprocher la littérature de l’homme, en général et en particulier, de l’homme et de la société moderne : tendance raisonnable tant qu’elle ne sera pas poussée jusqu’à l’excès.