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cieuses compositions, son pinceau, tout à l’heure si énergique, s’amollit pour peindre avec les plus douces couleurs un portrait de femme, celui de Doloreda :


Oh ! jamais, dans Madrid, un noble cavalier
Ne verra tant de grâce à plus d’art s’allier ;
Jamais pour plus d’attraits, lorsque la nuit commence,
N’a frémi la guitare et langui la romance ;
Jamais dans une église on ne vit plus beaux yeux,
Des grains du chapelet, se tourner vers les cieux ;
Sur les mille degrés du vaste amphithéâtre,
Jamais on n’admira plus belles mains d’albâtre,
Sous la mantille noire et ses paillettes d’or,
Applaudissant de loin l’adroit toréador.


Soumet, qui consacre en même temps ses veilles au théâtre, écrit, dans une langue pleine de nombre et d’harmonie, des poésies dont l’accent pur et mélodieux rappelle celui des élégies d’André Chénier. Guiraud, avec un accent plus mâle, mais aussi plus âpre et moins pur, réussit dans le même genre. Une jeune muse, mademoiselle Delphine Gay, alors dans toute la fleur de la jeunesse et de l’enthousiasme, charme en même temps les oreilles et les yeux. Mesdames Dufrénoy, Tastu, Desbordes-Valmore, écrivent des vers ingénieux. Andrieux, Étienne, Viennet, continuent la tradition de la poésie légère, qui remonte à Voltaire, incomparable dans ce genre. Briffaut, qui obtient des succès dans la littérature dramatique, lit, au bruit flatteur des applaudissements des salons, ses contes et ses dialogues assaisonnés d’esprit, d’enjouement et de fi-