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tantes de la poésie, dès le début de la restauration. Lamartine excelle surtout dans la poésie personnelle ; Victor Hugo réussit dans la poésie politique dominée, comme l’est la poésie personnelle de Lamartine, par les idées et les sentiments de l’école catholique et monarchique ; Casimir Delavigne, dans la poésie politique, dominée par les idées et les sentiments de l’école intermédiaire, mais avec une tendance marquée vers les principes philosophiques et les doctrines politiques du dix-huitième siècle, dont le représentant le plus avancé fut Béranger, en qui se personnifia l’école révolutionnaire. Ces poëtes, si différents par la nature de leur talent et par la tendance de leurs pensées, furent tous quatre des poëtes lyriques. Il semble que ce genre de composition, qui demande une inspiration renfermée dans des limites restreintes, et qui marche d’un pas rapide au but, convint mieux à cette époque d’activité intellectuelle et de vives émotions. Les poëtes pouvaient ainsi répondre plus promptement au sentiment public. Il arriva plus d’une fois à ces quatre esprits, tout séparés qu’ils fussent, de se rencontrer dans le même courant d’idées. C’est ainsi que le mouvement d’opinion en faveur de la Grèce fut propagé à la fois par les Méditations de M. de Lamartine, les Messéniennes de M. Delavigne, les odes de M. Victor Hugo, les chansons de M. de Béranger. Tous les quatre aussi concoururent aux progrès du bonapartisme poétique, les uns en exaltant l’homme, les autres en exagérant les proportions du personnage, sans du reste cacher ses défauts. Par la