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chef-d’œuvre rappelle la parodie. Il y a quelque chose de semblable dans le travestissement de toutes les idées élevées. Outre que ce genre est bas et méprisé des honnêtes gens, il jette dans la région supérieure de l’intelligence un ébranlement et un désordre dont les conséquences subsistent, et les meilleurs esprits avoueront qu’après la lecture de pareils ouvrages, ils ont besoin d’user de toute leur force pour rasseoir leur raison enivrée par ces folles influences et pour purifier leur pensée. Mais, chez M. de Béranger, ce travestissement systématique appliqué aux idées religieuses, a quelque chose de vraiment inexcusable. Dieu lui-même, dont Newton ne parlait jamais qu’en donnant un témoignage extérieur de son profond respect, devient l’objet des quolibets de cette muse effrontée qui le chansonne dans le Bon Dieu à sa fenêtre, comme le soliveau de la monarchie universelle, comme le roi d’Yvetot de la création. On comprend qu’après avoir traité Dieu avec cette familiarité, Béranger se gêne peu avec ses saints, encore moins avec ses ministres terrestres. Le poëte qui, en chantant Parny expiré sur sa lyre, a osé faire allusion à ce honteux poëme qui pèsera toujours sur la mémoire de son auteur, et écrire ce vers :

Pour toi tous les dieux sont d’accord,

en ajoutant, de peur qu’on ne s’y méprît, que c’est une allusion faite à la Guerre des dieux, attaque, par le même procédé, toutes les idées religieuses et morales. L’Ange gardien, cette sainte et pure croyance, lui four-