Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tact avec la révolution : par ses opinions philosophiques, il se rapprochait de l’école du dix-huitième siècle. Sans doute, il n’avait pas beaucoup approfondi ces opinions ; elles existaient chez lui plutôt à l’état de sentiment qu’à l’état d’idées. Il se laissait aller au courant des préventions de son temps contre ce qu’on appelait le retour du fanatisme, et il avait toutes les faiblesses des esprits forts. Ainsi, il insistait, plus particulièrement sur les souvenirs et les faits que l’école du dix-huitième siècle a coutume d’exploiter contre la religion, en défigurant les uns, en méconnaissant la cause véritable des autres : Galilée en prison, la journée déplorable de la Saint-Barthélemy. Les noms de papes qui revenaient le plus habituellement sous sa plume, étaient choisis parmi le bien petit nombre de ceux qui, sur cette longue liste de saints, de grands hommes et de martyrs, ont payé, dans leur conduite, un fâcheux tribut à la fragilité humaine ; il avait été cruellement déçu, dans son voyage d’Italie, en trouvant le pape au Vatican, au lieu de rencontrer Fabricius, Paul Émile et Caton sur le Capitole ; enfin il aiguisait en vers soigneusement polis et aux rimes riches et sonores la peur dont tout bon libéral devait être atteint dans ce temps-là, dès que l’ombre d’un jésuite venait à se dessiner sur le mur ; ce qui n’empêchait pas un assez grand nombre d’hommes de ce parti de confier l’éducation de leurs enfants à la compagnie de Jésus. On peut dire que cette intelligence nourrie par l’Université impériale, qui faisait à la religion une part si pe-