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forme littéraire avait eu son 1789 ; la révolution littéraire devait avoir son 1793.


IV.

Casimir Delavigne : — Les Messéniennes.


Dans la situation telle qu’elle se dessina à l’époque de la restauration, il y avait, on l’a vu, des sources d’inspirations très-diverses, et les esprits, suivant leur pente, devaient se laisser entraîner par des courants opposés. Ceux-ci pouvaient être surtout frappés du retour de la paix après tant de guerres qui avaient épuisé la population et courbé l’Europe entière sous une lassitude universelle, et de l’affranchissement des intelligences rendues à elles-mêmes, après avoir été contraintes de traîner la chaîne de la discipline impériale. Le rétablissement de l’antique monarchie, qui avait vécu avec la France les bons et mauvais jours de son histoire pendant dix siècles, était pour ceux-là le point de vue principal. D’autres saluaient l’avénement de la liberté politique, promise par la révolution sans avoir jamais été donnée, et dont l’empire avait effacé jusqu’à la trace dans des institutions où la tribune était muette, et où la police persécutait M. Frayssinous, confisquait le Journal des Débats et supprimait les livres de madame de Staël. Mais, à côté de ces résultats heureux, venaient se placer la défaite de nos armées, l’invasion de notre territoire et l’Europe nous rendant à