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ciens débris, de tant de ruines récentes. Ce n’est pas un besoin de nouveauté qui tourmente les esprits, c’est un besoin de vérité, et il est immense. Ce besoin de vérité, la plupart des écrivains supérieurs de l’époque tendent à le satisfaire. Le goût, qui n’est autre chose que l’autorité en littérature, leur a enseigné que leurs ouvrages, vrais pour le fond, devaient l’être aussi pour la forme ; sous ce rapport, ils ont fait faire un pas à la poésie. Si Caldéron a pu pécher par excès d’ignorance, Boileau a pu faillir aussi par excès de science, et, si lorsqu’on étudie les écrits de ce dernier, on doit suivre religieusement les règles imposées au langage par le critique, il faut en même temps se garder scrupuleusement d’adopter les fausses couleurs employées quelquefois par le poëte. Insistons sur ce point, afin d’ôter tout prétexte aux mal voyants. S’il est utile, nécessaire parfois, de rajeunir quelque tournure usée, de renouveler quelque vieille expression, et peut-être d’essayer d’embellir encore notre versification par la plénitude du mètre et la pureté de la rime, on ne saurait trop répéter que là doit s’arrêter l’esprit de perfectionnement. Toute innovation contraire à la nature de notre prosodie et au génie de notre langue doit être signalée comme un attentat aux premiers principes du goût. Remarquons en passant que, si la littérature du grand siècle de Louis le Grand eût invoqué le christianisme au lieu d’adorer des dieux païens, si ses poëtes eussent été ce qu’étaient ceux des temps primitifs, des prêtres chantant