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dans les sculptures des cathédrales du moyen âge, de hideuses figures de damnés se tordre non loin des formes aériennes des esprits angéliques. La recherche des contrastes commence donc à paraître dans le talent de M. Victor Hugo avec Han d’Islande, l’ogre hideux, et le nègre Bug-Jargal ; mais ce goût des contrastes ne va pas jusqu’à la glorification de l’horrible.

C’est dans cette année 1822 que Han d’Islande, c’est-à-dire l’obstacle, fut vaincu ; M. Victor Hugo, dont la fortune était meilleure, put épouser celle qu’il aimait. Le parti royaliste avait adopté le jeune poëte, M. de Chateaubriand l’avait encouragé, et en face du Conservateur politique, M. Hugo avait fondé le Conservateur littéraire. Enfin, le roi Louis XVIII, toujours prompt à se souvenir qu’il était l’héritier de François Ier, le père des lettres, lui avait accordé une pension dans les circonstances les plus honorables pour le roi et pour le poëte. Le jeune Delon, ami d’enfance de M. Victor Hugo, avait été condamné à mort comme complice de la conspiration de Saumur ; M. Victor Hugo écrivit à la mère du jeune homme, afin de lui offrir pour son fils un asile : « Je suis trop royaliste, lui disait-il dans sa lettre, pour qu’on s’avise de venir le chercher dans ma chambre. » La lettre, ouverte à la poste, fut mise sous les yeux du roi. Que fit-il ? Il donna à M. Victor Hugo la première pension vacante.

Une fois marié, M. Victor Hugo exerça une plus grande influence sur la littérature. Plusieurs écrivains de notre temps se souviennent encore de leurs pèleri-