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la jeune âme dans le séjour ou il n’y a plus ni douleurs ni larmes :

Viens ! ton Seigneur lui-même eut ses douleurs divines ;
Et mon fils, comme toi, roi couronné d’épines,
Porta le sceptre de roseau.

Cette pièce, qui fut composée en 1822, est l’expression la plus élevée du talent de M. Victor Hugo pendant cette phase poétique de trois ans, qui commença en 1819. On ne peut guère trouver de comparable pour le mouvement des idées, la beauté du rhythme et la vérité du sentiment, dans les compositions du poëte qui datent de la même phase, qu’une strophe de l’ode sur la mort du duc de Berry, et deux ou trois strophes de l’ode sur la naissance du duc de Bordeaux. Il y avait, en effet, une alliance intime entre la vieille dynastie et le jeune poëte. À l’occasion de tous les événements malheureux ou prospères, on entendait s’élever une voix pleine de tristesse ou de joie, qui pleurait les malheurs ou célébrait les espérances de la monarchie. Ainsi en 1820, tandis que Chateaubriand élevait sa grande voix pour déplorer, au nom de l’ancienne France, la mort du duc de Berry, M. Victor Hugo répandait en beaux vers les larmes de la génération nouvelle sur la victime du couteau révolutionnaire de Louvel.

Mais toi, que diras-tu, chère et noble Vendée ?
Tes regrets seront superflus.
Et tu seras semblable à la mère accablée,