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l’âme de Louis XVII au ciel, quoi de plus touchant et de plus poétique que l’espèce d’hymne dialogué que chantent, avec la jeune âme qui vient d’être délivrée de ses deux prisons, les chœurs des anges qui lui souhaitent la bienvenue du ciel en saluant le jeune trépassé du nom de roi :

Où donc ai-je régné ? demandait la jeune ombre.
Je suis un prisonnier, je ne suis pas un roi.
Hier, je m’endormis au fond d’une tour sombre.
Où donc ai-je régné ? Seigneur, dites-le-moi.
Hélas ! mon père est mort d’une mort bien amère ;
Ses bourreaux, ô mon Dieu, m’ont abreuvé de fiel.
Je suis un orphelin ; je viens chercher ma mère
Qu’en mes rêves j’ai vue au ciel.
 
Quoi ! de ma longue vie ai-je achevé le reste ?
Disait-il. Tous mes maux les ai-je donc soufferts ?
Est-ce vrai qu’un geôlier de ce rêve céleste
Ne viendra pas demain m’éveiller dans mes fers ?
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Ai-je eu le bonheur de mourir ?
 
Car vous ne savez point quelle était ma misère !
Chaque jour dans ma vie amenait des malheurs,
Et lorsque je pleurais, je n’avais point de mère
Pour chanter à mes cris, pour sourire à mes pleurs.

Alors, du haut du trône d’où descendent les justices et les miséricordes, la voix de celui qui console, après avoir éprouvé, fait entendre ces paroles qui expliquent le mystère des douleurs humaines et qui introduisent