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L’anecdote est d’une exactitude d’autant plus controversable, qu’il n’y a guère de concours qui ne fasse naître quelque historiette de ce genre pour la consolation des vaincus, et que, cette année-là même, Casimir Delavigne, dont la forme littéraire était à cette époque plus parfaite que celle de M. Hugo, et en outre bien plus sympathique à l’Académie, avait pris part au concours.

Ce ne fut que deux ans plus tard, c’est-à-dire en 1819, que Victor Hugo acheva ses études. Son père, après une longue résistance, lui permit enfin de suivre sa vocation, qui l’entraînait vers la poésie ; c’est donc à partir de ce moment que commence la carrière littéraire de M. Victor Hugo : il avait dix-sept ans. De 1819 à 1822, sa vie fut une lutte à plus d’un point de vue. Il avait perdu sa mère, et, profondément séparé de son père par ses opinions, et plus encore par le souvenir de sa mère presque aussitôt remplacée dans la maison paternelle par une nouvelle femme, sa fierté de jeune homme et sa susceptibilité filiale répugnaient à s’appuyer sur lui ; il avait donc, en même temps, sa position sociale à créer, la gloire à poursuivre, et un plus doux et un plus cher fantôme, le bonheur, à atteindre, car la gracieuse enfant du couvent des Feuillantines était devenue une jeune fille accomplie, et M. Victor Hugo, remplaçant ses amitiés enfantines par un amour profond, aspirait à obtenir sa main, et voyait en elle la joie de sa jeunesse et la poésie de son foyer. La gloire, qui, pour tant de poëtes, n’est que le vain retentissement de leur nom, multiplié par les