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thématiques, se livrait avec enthousiasme à la poésie qui lui était apparue sous le beau ciel de l’Espagne, et que, depuis ce temps, il n’avait cessé de cultiver en secret. En 1816, c’est-à-dire à quatorze ans, il avait composé une tragédie d’allusion pour célébrer l’heureux retour de Louis XVIII : c’était Artamène, dont le rigide abbé le Batteux, si malmené par M. Villemain dans son cours, aurait approuvé l’ordonnance gouvernée par les règles d’Aristote, et loué l’orthodoxie classique. Artamène ne fut ni jouée ni publiée ; mais deux morceaux dignes d’être remarqués, même parmi les poésies postérieures de Victor Hugo, en ont été détachés : ce sont la Parabole du riche et du pauvre et l’élégie de la Canadienne. En 1817, Victor Hugo concourut pour le prix proposé par l’Académie : les concurrents avaient à célébrer les Avantages de l’étude. Si l’on en croyait un biographe de M. Hugo[1], celui-ci aurait dû se contenter de l’accessit, à cause de deux vers dans lesquels il s’accusait de n’avoir que quinze ans[2]. L’Académie, frappée de la gravité et de la beauté de la pièce, ne put, dit-on, prendre cette indication que comme une plaisanterie irrévérentieuse et fit descendre le poëte au second rang ; ce fut en vain que Victor Hugo courut, son acte de naissance à la main, chez M. Raynouard, alors secrétaire perpétuel de l’Académie française : le siège de celui-ci était fait, et il ne voulut pas recommencer le travail.

  1. M. de Sainte-Beuve.
  2. Moi qui, fuyant toujours les cités et les cours,
    De trois lustres à peine ai vu finir le cours.