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ger, intercéda auprès du grand-duc de Toscane en faveur de son adversaire : celui-ci avait oublié qu’un coup d’épée donné par un homme ne relève pas la grandeur d’une nation, et que le jugement du glaive n’est pas le jugement de Dieu. Ce ne fut pas seulement dans le Dernier chant de Child-Harold que M. de Lamartine paya son tribut à la Grèce ; les Harmonies contiennent une ode composée au souffle de la même inspiration : c’est un souvenir de ces psaumes, si communs dans l’Écriture, où le peuple israélite, transportant les sentiments humains dans la prière, semble provoquer Dieu à le secourir, en lui remontrant que les nations infidèles douteront de sa puissance et méconnaîtront sa gloire, s’il ne protége point un peuple dévoué à son culte. Du reste, cette ode n’a rien de remarquable, ni pour le fond des idées, ni pour la facture, et M. de Lamartine réussit tout autrement dans la poésie personnelle, qui est son véritable genre. Ici, il est dans la poésie de convention ; il écrit sous la pression d’un mouvement d’opinion en faveur de la Grèce, dont nous retrouverons également la trace chez M. Casimir Delavigne, qui, dans une de ses Messéniennes, s’empara du même ordre d’idées, comme dans les odes de M. Victor Hugo et les chansons de M. de Béranger. Le sacre de Charles X inspira un chant à M. de Lamartine, et on retrouve, dans la belle ode Aux chrétiens dans les temps d’épreuve, qui est placée sous la date d’août 1826, un retentissement des sentiments qui agitèrent les âmes quand la loi du sacrilége souleva la redoutable ques-