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un visage d’enfant qu’on revoit avec le hâle des années et l’empreinte de la main du temps, qui a repassé sur les lignes en appuyant sur le burin. Mais ces compositions rétrospectives sont l’exception dans les Harmonies ; la plupart du temps, le poëte s’élève dans ces sphères transcendantes de la métaphysique religieuse où les intelligences rêveuses, celles qui ont éprouvé ou qui éprouvent les mêmes tortures intellectuelles, peuvent seules le suivre. Il discute contre les objections du siècle, et, on l’entrevoit, contre ses propres objections, les grandes questions qui ont toujours occupé et qui occuperont toujours les âmes méditatives, l’énigme de la destinée de l’homme sur la terre, son but, son origine, le grand mystère de la mort, et cet autre grand mystère, la douleur. À la fin de la plupart de ces pièces, quelquefois au commencement, il précipite l’âme dans la prière, comme pour la sauver du doute ; Jéhovah ou l’Idée de Dieu, l’Hymne à la douleur, l’Hymne à la mort, Pourquoi mon âme est-elle triste ? Novissima Verba, sont l’expression la plus complète et la plus élevée de cet ordre de pensées et de sentiments qu’on retrouve, à des degrés divers, au fond de presque toutes les Harmonies, parce que c’est l’état même de l’âme du poëte qui se fait jour. À bien prendre, ces pièces sont de belles et éloquentes variations modulées avec une richesse d’harmonie, une puissance d’imagination et une abondance d’images qui surprennent, sur le thème que les premières Méditations ont une fois déjà fait entendre, dans le dialogue entre le dé-