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blime, mais d’un peu uniforme dans cette scène où l’on entend un homme qui va mourir parler à ses amis d’immortalité pendant toute une journée, et la situation est trop tendue pour se prolonger autant ; les gradations manquent souvent, les transitions toujours. Quelquefois aussi la langue poétique de M. de Lamartine vient à s’obscurcir sous les ténèbres de la métaphysique que développe Socrate ; le vers semble fléchir sous le poids de l’idée. Il y a enfin quelque chose d’excessif et de peu naturel dans cet enthousiasme à la vue de la mort ; Dieu, qui nous l’imposa comme un châtiment, l’a faite terrible à l’homme ; le philosophe et le poëte ont beau parer le spectre, la laideur indélébile de la mort paraît sous la fraîcheur des idées et sous le charme des vers.

Les Nouvelles Méditations poétiques continuèrent les premières ; seulement le sentiment qui y règne est plus passionné et souvent moins pur ; quelquefois même, mais rarement, il arrive jusqu’à l’expression de cet amour païen qui s’exhorte à profiter de la vie parce qu’elle est courte, et à saisir au passage les plaisirs qui fuient. Le poëte, il est vrai, se relève bientôt de ses chutes, et le sentiment chrétien reprend le dessus dans son âme et dans ses vers ; mais cependant on entrevoit qu’il est arrivé à ce second âge de la jeunesse où les émotions de l’âme sont plus ardentes et moins fraîches ; les tons de lumière descendent plus chauds sur cette poésie comme lorsque le soleil, sorti des tons clairs et rosés de son lever, marche vers l’éclat vif et