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chie constitutionnelle. Un autre publiciste et député célèbre, plus calme dans l’éloge, admirait aussi, d’un air gravement ironique, et ne manquait pas de venir le féliciter sur cette source nouvelle de poésie qui s’ouvrait enfin, disait-il, pour la France, et qu’il comparait à la forme mélancolique et naïve de Schiller dans ses poésies fugitives ; et les dames trouvaient ce parallèle bien flatteur pour Schiller, dont alors elles n’avaient guère entendu parler, et qui leur paraissait peu poétique dans la traduction abrégée et versifiée que M. Benjamin Constant lui-même venait de donner de la tragédie de Wallenstein, à l’appui d’une préface sur le théâtre romantique. »

Ces souvenirs si vivants font entrer dans l’intérieur de l’histoire littéraire de l’époque ; ils montrent, au lieu de raconter ; ils aident à comprendre ce que M. de Lamartine apportait de poésie à son siècle, et ce que la société de ce temps lui rendait d’inspiration par ses sympathies intelligentes, son goût à la fois enthousiaste et délicat des choses de l’esprit. On a parlé, dans la langue politique, de la pression de l’atmosphère extérieure sur les assemblées ; il y a aussi une pression de l’atmosphère sur les écrivains : leur siècle leur doit en partie ses qualités et ses défauts, mais ils doivent aussi en partie leurs défauts et leurs qualités à leur siècle ; c’est un flux et reflux qui va et vient du poëte au public et du public au poëte.

Entre les deux volumes dont se composèrent les Méditations, M. de Lamartine publia un poëme à la