Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chants qui s’attristent ou se réjouissent avec elle. C’est ainsi qu’une de ses Méditations est consacrée à chanter la naissance du duc de Bordeaux, l’Enfant du miracle, comme il le nomme lui-même, qui vient raviver les espérances de cette antique race, et consoler les douleurs de la patrie inclinée sur la tombe récemment ouverte du duc de Berry[1].

L’immense succès littéraire des Méditations a ouvert à M. de Lamartine les avenues de la carrière diplomatique ; il est attaché à la légation de Toscane, et va revoir ce beau ciel d’Italie qu’il a déjà chanté. La restauration ne faisait pas attendre au talent la récompense qui lui est due. « Trois jours après la publication du premier volume des Méditations, dit M. de Lamartine[2], je quittais Paris pour aller occuper un poste à l’étranger. Louis XVIII, qui avait de l’Auguste dans le caractère littéraire, se fit lire par le duc de Duras mon petit volume, dont les salons retentissaient. Il crut qu’une nouvelle Mantoue promettait à son règne un nouveau Virgile. Il ordonna à M. Siméon de m’envoyer de sa part l’édition des classiques de Didot. Il

  1. Sacré berceau, frêle espérance
    Qu’une mère tient dans ses bras ;
    Déjà tu rassures la France :
    Les miracles ne trompent pas !
    Confiante dans son délire,
    À ce berceau déjà ma lyre
    Ouvre un avenir triomphant ;
    Et comme ces rois de l’aurore,
    Un instinct que mon cœur ignore
    Me fait adorer un enfant.

  2. Préface des Méditations, édition de 1849.