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répondent ainsi au cœur de l’homme, qui a ses chutes et ses résurrections, ses défaites et ses victoires, ses grandeurs et ses défaillances, ses heures de tentation et ses heures de réhabilitation, qui tombe pour se relever avec l’aide d’en haut qui ne manque jamais à son impuissance, mais qui ne se relève que pour tomber, jusqu’à ce que Dieu, l’éternel témoin de cette lutte dont il est à la fois le juge et le prix, daigne tendre sa main paternelle à sa faible créature, à cet enfant déchu, ouvrage de sa bonté et victime de sa justice. Le lien de toutes les Méditations de M. de Lamartine, l’ensemble dans lequel elles se réunissent et se fondent, c’est donc l’homme si divers et si ondoyant qui se retrouve dans ces poésies avec la mobilité de son esprit et les variations de son cœur, et qui reconnaît dans ces chants l’écho des voix qui s’élèvent dans les profondeurs de son âme. C’est ce qui donne aux Méditations un intérêt durable, qui survivra à l’intérêt de circonstance qu’elles excitèrent par ce qu’elles offraient de conforme aux besoins intellectuels et moraux de l’époque.

Sans doute les imitateurs, ces frelons empressés à butiner le miel des abeilles, ont ôté à ce genre de poésie un peu de sa fraîcheur par leurs contrefaçons plus ou moins heureuses et plus ou moins fidèles. Ils ont terni, à force de les parcourir, la verdure de ces sentiers, alors solitaires, et troublé l’eau de ces beaux lacs où tous ont voulu conduire leur nacelle ; ils ont abusé des flots, des nuages, des grands bois et de leurs échos, de la nature, des rêveries, des larmes, de la