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évoque. En 1815, M. Berryer, âgé de vingt-cinq ans[1], a déjà fait ses débuts au barreau, de la manière la plus brillante, sous les auspices de son père, alors dans tout l’éclat de sa renommée. Il y a trouvé M. Dupin, son aîné de sept ans, qui, remarquable par sa parole assaisonnée des saillies d’un brusque bon sens et son éloquence familière que relève la connaissance profonde du droit, a paru un moment à la tribune politique, pendant les cent-jours, et M. Odilon Barrot, né en juillet 1790, esprit méditatif, enseveli dans l’étude de la jurisprudence, que la philosophie du droit séduit et captive, et dont les sympathies accueillent la monarchie revenant avec la paix et les libertés politiques pour cortège. Des hommes plus près de leur renommée, parce qu’ils sont plus avancés dans la vie, M. Lainé, déjà célèbre par sa résistance à l’empereur ; M. Serre, cet esprit libéral venu de l’émigration et de l’armée de Condé ; le général Foy, qui appartient à la partie républicaine de l’armée, sont déjà au pied de la tribune.

M. Molé, qui a commencé sa carrière par un livre, l’Essai de morale et de politique, écrit d’un style ferme, net et vigoureux, mais où la censure de l’anarchie, dont les blessures étaient récentes, côtoie l’apologie du pouvoir absolu, a déjà donné des preuves de cet esprit applicable, de cette élocution noble, facile et naturelle qui le rendront propre aux affaires dans un gouvernement de libre discussion, et de ce goût dé-

  1. M. Berryer est né le 4 janvier 1790.