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beautés intellectuelles et morales, et replanter la croix sur toutes les avenues de l’intelligence humaine où elle avait été abattue ; et ce fut là le but, ce fut là aussi l’œuvre du livre de M. de Chateaubriand.

L’auteur était dans des conditions admirables pour l’écrire. Appartenant par les traditions de sa famille au passé, à l’avenir par son esprit, homme nouveau issu des temps anciens, voyageur au nouveau monde, soldat, exilé, gentilhomme et novateur littéraire, un moment entraîné vers les idées philosophiques et politiques du dix-huitième siècle par le courant de l’époque, puis ramené au christianisme et à la monarchie par le souvenir d’une parole de sa mère mourante, et par l’expérience qui commençait pour lui à vingt-cinq ans, c’était un néophyte qui parlait du christianisme en poëte, en artiste, en philosophe, en littérateur, en politique, en homme du monde, comme il fallait en parler à des auditeurs encore si éloignés ; enfin, un de ces prédicateurs extérieurs qui annoncent la bonne nouvelle sur le parvis de l’église, et ramènent vers le sanctuaire les populations qui plus tard y entreront pour écouter des voix plus autorisées.

Un des hommes les plus spirituels de l’émigration, le chevalier de Panat, écrivait avec autant de grâce que de sens à l’auteur, après avoir entendu à Londres la lecture de plusieurs morceaux de son grand ouvrage : « Si les vérités de sentiment sont les premières dans l’ordre de la nature, personne n’aura prouvé mieux que vous celles de notre religion ; vous me re-