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mouvement de la presse périodique, qui se prolongea encore, dans une certaine mesure, sous le consulat, mais qui s’alanguit de plus en plus sous l’empire, et cessa presque de paraître aux regards.

La réaction d’idées et de sentiments qui amenait ces luttes dans la presse périodique, avait une trop grande importance pour demeurer circonscrite dans les journaux. Nous avons indiqué déjà par quels hommes et par quels ouvrages elle en sortit.


III.

Chateaubriand. — Le Génie du christianisme.


Le Génie du christianisme ne fut pas le livre d’un écrivain, ce fut le livre d’une situation. Il venait à son heure, et on pourrait le comparer au drapeau porté par un seul homme, soutenu par une armée. Pour avoir une idée du succès qui l’attendait, il faut donc, comme disent les mathématiciens, multiplier son mérite intrinsèque par son opportunité. Le dix-huitième siècle avait été un long effort pour détrôner le christianisme dans les cœurs et dans les esprits. Ce moqueur impitoyable avait renouvelé envers la religion le système de Julien l’Apostat ; il l’avait traitée comme un fanatisme ténébreux, coupable d’arrêter l’essor de la civilisation, et l’avait peinte comme une ennemie de l’intelligence humaine, afin que l’intelligence humaine la traitât en ennemie. L’attaque avait porté sur tous les