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d’aspirer à le conduire, avaient des affiliations secrètes avec une des trois écoles que nous avons indiquées : l’école monarchique et catholique ; l’école du dix-huitième siècle, avec sa philosophie matérialiste et sceptique, et sa politique révolutionnaire ; l’école intermédiaire, fondée sur un rationalisme qui inclinait, en philosophie, vers le spiritualisme, éclairé, plus qu’il ne le pensait lui-même, des lumières de l’Évangile, et, en politique, vers la monarchie constitutionnellement réglementée. Cet état de lutte, qui était un grave inconvénient et un danger considérable au point de vue gouvernemental, devait donner un mouvement remarquable à la littérature sous la restauration.

Il faut aussi tenir compte de quelques grands faits de nature à frapper vivement les esprits, et à les frapper en sens divers, selon les prédispositions morales et intellectuelles.

Ce retour de l’ancienne monarchie qui, après de si éclatantes épreuves et de si longs exils, rentrait au moment où nos armées succombaient sous la réaction européenne que l’empire avait amenée par ses guerres incessantes, et soutenait la France chancelante en lui tendant le sceptre fleurdelisé de Philippe-Auguste, de saint Louis, de Henri IV et de Louis XIV ; cette rencontre solennelle entre les malheurs de la patrie et ceux de l’ancienne royauté française, jetées l’une dans les bras de l’autre après une si longue séparation ; cette restauration impossible la veille, devenue nécessaire le lendemain ; ces princes vieillis sur la terre