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occasion d’appliquer à la France le gouvernement parlementaire de l’Angleterre, ce séduisant modèle qui excitait déjà l’envie et les espérances du grave Montesquieu, avec qui cette école, issue des constitutionnels de 1789, a de secrètes affinités d’idées et de style.

Il importe de faire remarquer que ces constitutionnels de 1789, auxquels vient se rattacher la partie la plus studieuse et la plus grave de la nouvelle génération, subsistent encore en partie. Ils sont représentés dans la littérature par madame de Staël et M. Benjamin Constant ; seulement ce dernier, par sa conduite à l’époque des cent-jours, s’est rapproché du camp de la littérature impériale. Esprit plus vif que sûr, M. Benjamin Constant s’est déjà fait un nom comme polémiste politique. On l’a vu consacrer sa plume facile à l’apologie du 18 fructidor. Il a été tribun au début du consulat puis le seul sentiment durable de sa vie, son admiration pour madame de Staël, l’a jeté dans l’opposition. Royaliste constitutionnel sous la première restauration, il s’est précipité dans le mouvement des cent-jours, sans ménager les transitions, et ce souvenir importun l’obsède et le rend malveillant et inquiet comme un homme qui attend un reproche.

Sur la fin de l’empire, on a entendu retentir le nom d’un jeune poëte qui se ralliera, au début de la restauration, à la même école. Né au Havre, le 3 avril 1793, M. Casimir Delavigne n’est encore connu en 1814 que par un dithyrambe sur la naissance du roi de Rome, pièce d’une facture assez large et d’une