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plusieurs années, le correspondant, et il voit, dans son retour et dans les conditions où elle se place, la réalisation de la plus chère de ses théories rationnelles, un gouvernement de libre examen, fondé sur un droit historique et le respect de l’autorité devenu le point de départ d’un régime représentatif.

M. Guizot, dans ses fonctions de professeur d’histoire à l’académie de Paris, s’est lié d’une étroite et respectueuse amitié avec M. Royer-Collard. Sans doute sa jeunesse ne lui laisse pas les mêmes regrets sur la monarchie ; son origine et son éducation protestantes peuvent lui inspirer quelque éloignement pour certains souvenirs de l’ancien régime ; mais il n’a pas oublié son père, montant sur l’échafaud révotutionnaire de Nîmes, le 3 avril 1794, comme suspect de résistance à la politique de Robespierre ; et son esprit, plein de répugnance pour le despotisme militaire, d’aversion pour l’anarchie démocratique, se trouve préparé à saluer avec satisfaction toute combinaison qui réalise cette alliance du principat et de la liberté, célébrée par Tacite. Quelques détails biographiques de la jeunesse de M. Guizot trouveront ici utilement leur place, car il faut perpétuellement, dans l’histoire littéraire, commenter les idées par les faits, comme, dans l’histoire politique, commenter les faits par les idées. Le 4 octobre 1787, François-Pierre-Guillaume Guizot était né à Nîmes, d’un avocat distingué dans le barreau de cette ville, issu lui-même d’une famille protestante, considérée dans le pays. Il entrait dans sa sep-