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le succès d’une démarche que personne n’appuyait. Mais le troisième jour, ô joie indicible ! M. Lucien m’appelle auprès de lui, s’informe de ma position, qu’il adoucit bientôt, me parle en poëte et me prodigue des encouragements et des conseils. Malheureusement il est forcé de s’éloigner de France ; j’allais me croire oublié, lorsque je reçois de Rome une procuration pour toucher le traitement de l’Institut, dont M. Lucien était membre, avec une lettre, que j’ai précieusement conservée, et où il me dit : « Je vous prie d’accepter mon traitement de l’Institut, et je ne doute pas que, si vous continuez de cultiver votre talent par le travail, vous ne soyez un jour un des ornements de notre Parnasse. Soignez surtout la délicatesse du rhythme ; ne cessez pas d’être hardi, mais soyez plus élégant. »

Peu de temps après M. de Béranger, recommandé à l’éditeur des Annales du musée, travailla obscurément à la rédaction de cet ouvrage, et enfin, en 1809, avec l’appui de M. Arnault, il entra, comme expéditionnaire, au secrétariat de l’Université, avec douze cents francs d’appointements. C’est là que la restauration le rencontra ; mais il a enfin trouvé sa voie littéraire, car, à cette époque, il a déjà composé la chanson du Roi d’Ycelot, cet éloge railleur qui, en chantant la paix, chansonnait la guerre.