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tième siècle, l’ennemi du despotisme temporel, s’étaient déjà manifestés chez M. de La Mennais : on ne pouvait encore que soupçonner en lui le grand écrivain.

Ainsi, dans les plus hautes régions intellectuelles, cinq hommes éminents apparaissent sur le seuil de la restauration, comme les représentants de l’école catholique et monarchique, MM. Chateaubriand, Bonald, de Maistre, Frayssinous, et derrière eux, bientôt à côté d’eux, M. de La Mennais.

Les poëtes ne manqueront pas plus à cette école que les grands prosateurs. On remarque déjà parmi les gardes du corps du roi, un jeune homme au front élevé, à la parole harmonieuse, dont quelques amis ont seuls entendu les premiers essais, qui s’éloignent, disent-ils, des routes frayées. M. de Lamartine est né à Mâcon, le 21 octobre 1790 ; son nom de famille est de Prat : ce n’est que plus tard qu’il a pris le nom d’un oncle maternel. Son père était major d’un régiment de cavalerie sous Louis XVI ; sa mère était fille de madame des Rois, sous-gouvernante des princes d’Orléans ; un de ses oncles a été tué le 10 août, en défendant le château ; sa famille, comme tant d’autres familles, a été frappée par la révolution. La sombre maison d’arrêt où on le menait, tout petit enfant, visiter son père prisonnier, se dresse au fond de ses plus lointains souvenirs. Les crises révolutionnaires une fois passées, son enfance s’est écoulée, calme et heureuse, dans la petite terre de Milly, pauvre et agreste oasis de famille, toute resplendissante d’inno-