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Réflexions sur l’état de l’Église ; c’était comme le prélude d’un ouvrage plus célèbre : l’indifférence et la philosophie matérialiste y sont rudement traitées dans un style d’une âpre éloquence qui a des traits de parenté avec celui de Joseph de Maistre. Quelques idées sur la rénovation du clergé en France firent naître les ombrages de la police impériale, qui saisit le livre. En 1811, M. de La Mennais prit la tonsure et entra au séminaire de Saint-Malo. C’est là qu’il commença, de concert avec son frère, supérieur du séminaire, l’ouvrage intitulé, Traditions de l’Église sur l’institution des évêques. Cet ouvrage, qui rétablissait les véritables principes, méconnus par les abbés de Pradt, Grégoire et Tabaraud, qui prétendaient que l’élection des évêques n’avait pas besoin d’être sanctionnée par le pape, fut terminé à la Chenaie, et parut en 1812. Vers les premiers mois de 1814, M. de La Mennais vint à Paris ; presque aussitôt après la chute de l’empereur, il publia contre l’Université impériale un écrit très-vif, dans lequel il n’avait point ménagé à l’empereur lui-même quelques-unes de ces phrases qui restent burinées sur les fronts qu’elles touchent. Pendant les cent-jours, M. de La Mennais était allé chercher un asile en Angleterre, pour ne reparaître en France qu’avec la seconde restauration, qu’il considérait comme un événement aussi heureux pour la religion que pour le pays. Le champion zélé des prérogatives du saint-siége, l’adversaire ardent de l’enseignement universitaire, le contradicteur de la philosophie du dix-hui-