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catholicisme, qui est en même temps foi, espérance et amour. Bossuet avait déjà dit tendrement aux protestants : « Voulez-le ou ne le voulez pas, vous êtes nos frères. »

On voit germer dans sa correspondance et dans ses conversations, que ses lettres continuent comme un écho éloquent, son grand ouvrage des Soirées de Saint-Pétersbourg. Les questions se lèvent une à une dans son esprit et sa correspondance. La vie intellectuelle n’était pas en effet, pour M. de Maistre, comme une exception et une oasis dans la vie matérielle et mécanique qui emporte, dans son tourbillon, les hommes vulgaires, en ne leur permettant que de rapides et rares échappées sur les grandes questions qui sont tout l’homme et devraient l’occuper tout entier. Sa vie intellectuelle est de tous les jours. On voit poindre aussi son livre Du Pape qui offrira le résumé de ses idées sur le catholicisme proprement dit, comme les Soirées de Saint-Pétersbourg renfermeront la large synthèse de sa philosophie toute catholique.

Au milieu de ses travaux, il suit la marche des événements extraordinaires qui se passent de son temps, non-seulement avec la curiosité d’un esprit supérieur, d’un politique expérimenté, d’un philosophe profond, mais avec l’anxiété d’un homme qui avait des affections et des convictions politiques. M. de Maistre était, en politique comme en religion, l’homme du droit, de la tradition, de l’autorité. Sa conduite, ses paroles, ses écrits, présentent une concordance remarquable sur