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tiendrait si l’empereur l’appelait à présider à l’éducation du roi de Rome. M. de Bonald répondit à une ouverture aussi étrange, on peut le dire, quand on considère celui par la bouche duquel elle était transmise que lorsqu’on songe à celui auquel elle s’adressait, en enveloppant son refus d’un de ces mots spirituels qui font tout passer en France, même la vertu : « Je vous avouerai, dit-il, que si jamais je lui apprenais à régner, ce serait partout ailleurs qu’à Rome[1]. » La proposition en resta là, les événements se succédèrent, et M. de Bonald demeura dans ses humbles fonctions universitaires, où la restauration le trouva.

Elle trouve aussi dans une position universitaire l’éloquent catéchiste de Saint-Sulpice, M. Frayssinous, dont les conférences ont été interrompues par l’incompatibilité de la liberté de la chaire avec l’absolutisme impérial. Pendant les trois dernières années de l’empire, il a repoussé les offres obligeantes du cardinal Fesch, qui désirait s’attacher un homme de ce mérite, et il a préféré accepter une place à l’académie de Paris, que lui a fait obtenir M. de Fontanes. Cette position si inférieure à sa renommée lui a permis de demeurer à Paris et de continuer dans le ministère sacré les services qu’il avait commencé à rendre, du haut de la chaire, à l’élite de la jeunesse ; il a échappé ainsi au sort de la société de Saint-Sulpice, violemment dis-

  1. Voir la Notice sur M. le vicomte de Bonald, par Henri de Bonald.