Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la restauration. Seulement il ne faut pas oublier qu’en écrivant son premier ouvrage, le poëme en prose des Natchez, où existent en germe les deux plus charmantes fleurs qui se soient épanouies plus tard dans cette intelligence féconde, Atala et René, M. de Chateaubriand composait un ouvrage d’une tout autre nature, l’Essai sur les révolutions, livre où de graves erreurs, dont l’auteur lui-même s’est fait le censeur austère, couvrent, sans le détruire, le sentiment vrai de la nécessité d’une alliance entre la monarchie héréditaire et les libertés nationales.

Pour M. de Bonald, à partir de l’avènement de l’empire, il a cessé d’écrire sur les matières politiques ; mais il a continué à s’occuper de questions religieuses et littéraires, et le Journal des Débats a publié plusieurs travaux remarquables de ce grand esprit. Pour faire entrer l’auteur de la Législation primitive dans le conseil de l’Université, M. de Fontanes a eu à vaincre ses répugnances qui, pendant deux ans, ont fait attendre la bienveillance de l’empereur. Par deux fois, on a essayé de déterminer M. de Bonald à échanger cette situation modeste contre un poste plus éclatant. La première fois, c’était le 7 juillet 1810, un envoyé secret de Louis Bonaparte, alors roi de Hollande, est venu lui apporter une lettre autographe dans laquelle le grand philosophe était appelé à la cour du frère de l’empereur, qui voulait lui confier ce qu’il avait de plus précieux au monde, l’éducation de son fils, « peut-être appelé à commander à ses semblables », comme il le