Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Allemands, attenante à l’église de Saint-Sulpice, qui venait d’être rendue au culte. Cet enseignement produisit un effet dont les contemporains ont conservé le souvenir. « On vit se réunir au pied de la chaire de M. Frayssinous, dit M. Pasquier[1], non-seulement la jeunesse studieuse qui abonde dans le quartier des écoles, mais celle encore qui, plus adonnée aux plaisirs du monde, semblait résister davantage à un enseignement sérieux. L’une et l’autre se firent remarquer par la religieuse attention avec laquelle elles écoutaient ce nouveau maître. La voix de M. Frayssinous avait ce ton d’autorité qui commande le respect et invite à la confiance. Toutes ses paroles inspiraient cette conviction profonde et réfléchie qui est d’autant plus communicative qu’elle s’exprime avec plus de modération, et lorsqu’on voyait les rangs si pressés de ces jeunes hommes dont la foule s’assemblait autour de lui, il eût été difficile de ne pas reconnaître qu’il y avait dans ses discours quelque chose de merveilleusement adapté aux instincts de cet âge que les passions peuvent égarer, mais qui se soumet assez volontiers à une démonstration qui ait un grand caractère de bonne foi. Des hommes d’un âge plus mûr, des hommes dans toutes les situations, ne tardèrent pas à venir juger par eux-mêmes le mérite d’un enseignement dont le retentissement n’avait pu leur échapper. M. Frayssinous était écouté avec cette curieuse attention qui ne s’ob-

  1. Discours de réception à l’Académie française.