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saient, les traces de la végétation commençaient à reparaître ; c’est ainsi que dans une maison qui avait pour enseigne la Vache noire, et qui était située à Paris, rue Saint-Jacques, presque en face de celle où est aujourd’hui la communauté religieuse de Saint-Michel, quelques débris de l’ancienne compagnie de Saint-Sulpice se réunirent ; un des premiers élèves de ce séminaire naissant fut M. de Quélen. Au commencement de 1800, M. Émery, supérieur général de la compagnie, appela de Rodez MM. Frayssinous et Boyer, et chargea le premier d’enseigner la théologie dogmatique, le second la philosophie, dans l’établissement de Saint-Sulpice sorti de ses cendres. C’est dans cette maison de Saint-Sulpice, bientôt transférée rue Pot-de-Fer, que M. de Pancemont alla chercher, en 1801, M. Frayssinous, qui avait alors trente-deux ans, pour ouvrir des conférences dans l’église des Carmes. C’était le moment où M. de Chateaubriand allait publier le Génie du christianisme.

Il y avait quelque chose d’instructif et d’éloquent dans le lieu même où recommençait l’enseignement du catholicisme, qu’on avait voulu et espéré anéantir ; c’était dans une nécropole de martyrs où, quelques années auparavant, des évêques, de jeunes prêtres étaient morts en confessant la religion du Christ, que M. Frayssinous venait la prêcher. Les lieux parlaient d’eux-mêmes avant l’orateur. Bientôt le catéchiste substitua la forme du discours au dialogue, et transporta ses conférences de l’église des Carmes dans la chapelle dite