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sur l’ombre, avec des aspirations moins raisonnées qu’instinctives vers un autre idéal que celui de l’empire dont le pouvoir absolu laissait si peu d’horizon à la pensée, et avec une si grande lassitude du despotisme, qu’elle commence à devenir un besoin de liberté. Sans doute, il n’y a rien encore de bien nettement dessiné dans cette situation ; mais regardez-la de près, au regard ajoutez le contact, et, à la lumière et à la chaleur, vous reconnaîtrez un foyer qui rayonnera plus tard.


V.

Mouvement des idées religieuses. — M. Frayssinous. —
Conférences de Saint-Sulpice.


Ce n’est pas le seul foyer qui apparaisse dans la situation. À la fin de l’empire, les semences que Chateaubriand, Joseph de Maistre et Bonald avaient jetées dans les esprits ont germé : un moissonneur sacré se présente pour récolter les épis mûrs ; en face de la chaire universitaire où le rationalisme spiritualiste s’assoit sous les traits de M. Royer-Collard, et achève de battre en ruines la théorie de Condillac, une enceinte doublement consacrée voit s’ouvrir les conférences de M. Frayssinous.

Il convient d’entrer dans quelques détails sur l’origine de cet enseignement qui jeta tant d’éclat pendant l’empire et qui, continué sous la restauration, exerça une si haute influence sur le mouvement des idées re-