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séduit dans le système de Condillac, c’était son extrême simplicité et l’harmonie qui unit toutes ses parties. Mais, en faisant un retour sur ce système, M. de Laromiguière et surtout M. Maine de Biran s’aperçurent qu’il ne suffisait pas à l’explication de tous les phénomènes de l’entendement et de la production de toutes les espèces d’idées, et ils le modifièrent d’une manière assez grave. Maine de Biran qui, dans son traité de l’Influence de l’habitude sur la faculté de penser, publié en 1802, n’avait fait qu’appliquer la doctrine physiologique de Cabanis, qui a cherché à expliquer matériellement la pensée, commence, dans son Mémoire sur la décomposition de la pensée, écrit en 1805, à entrevoir qu’il y a une substance intelligente, distincte de l’organisme, et qui a son activité propre. Cette tendance spiritualiste devient de plus en plus manifeste dans ses travaux subséquents, où il achève de rompre avec l’école de Condillac, et le Traité de l’aperception immédiate, écrit en 1807, les Observations sur le système du docteur Gall, écrites en 1808, le Mémoire sur les rapports du physique et du moral de l’homme (1811), le Traité des rapports entre les sciences naturelles et la psychologie (1811), l’Essai sur les fondements de la psychologie et sur ses rapports avec l’étude de la nature, sont autant de degrés par lesquels l’auteur remonte vers l’école spiritualiste, qu’il atteindra plus tard. M. de Laromiguière, sans aller aussi vite ni aussi loin, se séparait cependant de la doctrine de Condillac sur un point