Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Tracy en écrivait la métaphysique, Volney la morale, Cabanis la physiologie. Elle était ainsi le point de départ de ceux qui, comme Maine de Biran, Laromiguière et Cabanis lui-même, devaient plus tard la modifier ou même l’abandonner. Garat, qui le premier ouvrit un cours public de philosophie à l’École normale, développa la théorie des sensations telle que Condillac l’avait enseignée. La plupart de ces travaux étaient presque contemporains des grands travaux publiés par Joseph de Maistre, Bonald et Chateaubriand. La lutte entre les deux esprits et les deux principes continuait.

En même temps il se formait, dans une villa d’Auteuil, un centre intellectuel où se réunissaient les chefs de la philosophie sensualiste renaissante, Cabanis, Volney, Destutt de Tracy, Garat, Maine de Biran, de Gérando, Laromiguière c’était comme une académie privée, dans laquelle les travaux se communiquaient, les idées s’échangeaient ; un établissement intermédiaire entre l’Institut et le public, qui recevait ainsi les solutions philosophiques de la bouche des adeptes qui faisaient rayonner au loin les idées du salon d’Auteuil. Ce mouvement philosophique se développa avec la double faveur du public lettré et du gouvernement, jusqu’à l’avénement de Bonaparte comme premier consul. À cette époque, le nouveau chef du gouvernement, en réorganisant l’Institut, en exclut la classe des sciences morales. Napoléon n’aimait point les idéologues, c’est ainsi qu’il appelait les métaphysiciens, et