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l’Ode buste de Vénus, l’Ode contre l’Inconstance, l’Ode au Pêcheur. Il puise à deux sources : c’est l’élève d’Homère, de Virgile et d’Horace, avec un tour d’esprit et de phrase qui ne sent pas l’imitation ; c’est aussi le disciple de la Bible et de l’Évangile. Il y a en lui comme un doux et dernier reflet de la littérature de Racine et comme une aurore un peu pâle d’une littérature nouvelle ; son talent porte tantôt la trace de la mélancolie antique, tantôt celle de la rêverie moderne, et c’est un aimable demeurant du dix-septième siècle, qui a gardé quelque chose de son commerce avec la muse d’Atala et de Cymodocée.

La faveur mêlée de refroidissement dont jouit M. de Fontanes sous l’empire, et l’espèce de disgrâce qui y mit un terme, sont précisément, en montant dans une sphère plus élevée, la reproduction du tableau des destinées du Journal des Débats. Ce qu’on peut dire sur l’homme corrobore ce qui a été dit sur le journal, et achève de mettre en lumière la situation faite aux idées pendant cette époque. Les rapports de M. de Fontanes avec Napoléon dataient de loin. L’homme d’esprit, dans une lettre publiée par un journal sous le directoire, avait prévu et indiqué la destinée de l’homme de génie. Mis, à cause de cette lettre, sur la liste de proscription du 18 fructidor par le directoire, qui n’aimait pas à entendre l’éloge de son héritier présomptif, Fontanes était revenu à Paris après le 18 brumaire, et le premier consul l’avait rayé de la liste de proscription, tout exprès pour lui faire prononcer l’éloge funèbre de