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sous l’empire, la politique violente suivie à l’égard de Pie VII, il exprime avec une tout autre énergie, dans l’Ode sur l’enlèvement du pape, les émotions du monde catholique, en rappelant que le pontife avait couronné « le front de l’ingrat qui l’opprime », et en pronostiquant dans ses vers les mêmes malheurs que Joseph de Maistre annonçait, dans sa correspondance, aux violateurs de la majesté pontificale.

Il y a deux hommes, on le voit, chez M. de Fontanes. L’un vient en droite ligne de la civilisation antique : il est de l’école d’Horace, il a frayé avec la philosophie ; l’autre est chrétien par les convictions, sinon toujours par les œuvres, et à ces deux hommes réunis dans le même homme répondent deux écrivains qui se rassemblent ou plutôt se succèdent chez le même écrivain. Cela est moins étrange qu’on pourrait le croire au premier coup d’œil. Quand un grand orateur chrétien parla devant Louis XIV de ces deux hommes que nous portons en nous, le roi dit aussitôt : « Ah ! je connais ces deux hommes-là ! » Fontanes les connaissait aussi quand il écrivait, en cédant à des inspirations contradictoires, d’un côté, la Chartreuse, les Tombeaux de Saint-Denis, l’Enlèvement du pape, l’Ode au duc d’Enghien, la Société sans religion, les Stances à Chateaubriand exilé ; d’un autre côté,


    En gardera le souvenir :
    Ce juge terrible, c’est l’Histoire ;
    Sa voix, sur ton char de victoire,
    Saura t’atteindre et te punir.